Toutau contraire l’armĂ©e d’Afrique Ă©tait un amalgame rĂ©ussi d’hommes de toutes origines, et ses anciens ont parfaitement tĂ©moignĂ© de la fraternitĂ© des armes qu’ils ont vĂ©cu ensemble. L’occasion est belle de souligner le formidable engagement de la population pied-noir Ă  cette occasion. C’est la quasi-totalitĂ© de la population mĂąle en Ăąge de se battre des français TĂ©moignage trĂšs intĂ©ressant d’un ancien lĂ©gionnaire GĂ©rard Gille, qui est offert Ă  notre lecture par sa fille Sylvie. L’Auteur retrace son existence en Indochine entre 1948 et 1953, en particulier sous les ordres du capitaine Mattei et du lieutenant Jaluzot. RĂ©cit “brut de dĂ©coffrage” qui permet de garder toute la verve de l’Auteur. Prologue Une si belle Arme Dans ce court rĂ©cit, j'ai tentĂ© de retracer l'existence qui fut la mienne dans la lĂ©gion Ă©trangĂšre entre 1948 et 1953. J'y raconte la guerre bien-sĂ»r, mais aussi la féérie des paysages Tonkinois, le charme des villages et de ses habitants, la magie des parfums d'Asie et toutes les Ă©motions qui ont empreint ma mĂ©moire d'homme et de soldat. Je dĂ©die ce livre Ă  la lĂ©gion Ă©trangĂšre qui Ă  cette Ă©poque est devenue ma seconde mĂšre et qui le restera toujours. Sommaire Prologue. Chapitre 1 " Voici une belle arme...". Chapitre 2 Un sĂ©jour Ă  Sidi Bel AbbĂšs. Chapitre 3 En avant pour l'aventure. Chapitre 4 Sur la RC4; direction Cao-Bang. Chapitre 5 Un hiver sur le col de Long PhaĂŻ. Chapitre 6 De village en village, de riziĂšre en riziĂšre... Chapitre 7 Hold-up Ă  Nacham. Chapitre 8 Une "villĂ©giature" Ă  HanoĂŻ. Chapitre 9 OĂč des enfants sauvent le lĂ©gionnaire... Chapitre 10 En poste Ă  Bo-Cung. Chapitre 11 Mon baptĂȘme du feu. Chapitre 12 En transit dans le delta Tonkinois. Chapitre 13 Un jeu dangereux. Epilogue. Chapitre 1 Voici une belle arme... » Le 10 AoĂ»t 1948 , nous passions mon pĂšre et moi devant la caserne Michel Ă  Lons le Saunier quand mon regard se porta sur une belle affiche prĂ©sentant un jeune lĂ©gionnaire en tenue de saharienne. Voici une belle arme » me dit mon pĂšre tu pourrais envisager de t'engager... » ajouta-t-il en m’observant. Ma rĂ©ponse fut me prĂ©cipitai dans le bureau d’accueil ou je trouvai un officier qui reçut ma demande d’engagement et me remit aussitĂŽt un titre de transport pour Marseille .Le jour de mon dĂ©part fut fixĂ© au surlendemain. Ma famille reçut assez bien la nouvelle. La veille du grand jour nous nous retrouvions autour d’un excellent repas Ă  l’hĂŽtel de GenĂšve avec mon pĂšre, ma mĂšre, ma tante Suzanne et surtout Tita , la soeur de ma mĂšre qui m’avait toujours vouĂ© une affection particuliĂšre et qui avait tenu Ă  marquer l’occasion en nous offrant ce dĂ©jeuner au restaurant. Le jour venu, je me prĂ©sentai Ă  la gare de Lons le Saunier Ă  l’heure indiquĂ©e sur ma feuille de Marseille. L’aventure commençait ! Le bas-fort Saint Nicolas est une petite bastide surplombant l’entrĂ©e du vieux port de Marseille. C’est ici que durant trois longues semaines je dus rĂ©pondre Ă  de nombreux interrogatoires. Je me souviens que la police y venait Ă  longueur de journĂ©e pour embarquer des individus au passĂ© douteux qui pensaient, bien Ă  tort, pouvoir Ă©chapper Ă  la justice en s’engageant Ă  la LĂ©gion! Ainsi se dĂ©roulaient les journĂ©es au bas-fort Saint Nicolas en compagnie d’autres jeunes recrues, majoritairement des Allemands, soumis au mĂȘme rĂ©gime que moi-mĂȘme. Lorsqu’un jour, qu’elle ne fut pas ma surprise, de me retrouver convoquĂ© et sommĂ© de me prĂ©senter Ă  mon oncle qui commandait Ă  l’époque la base d’Istre. Il venait me dissuader de partir en Indochine. Par devant le commandant du dĂ©pĂŽt, et Ă  ma grande honte, il insista pour que mon engagement soit dĂ©truit, ma dĂ©cision relevant selon lui de la folie ou du moins de l’inconscience. Sa tentative fut vaine. Lorsque le commandant me demanda de me prononcer je confirmai avec force et dĂ©termination ma dĂ©cision de m’engager Mon oncle »dis je avec une certaine vĂ©hĂ©mence, sache que je ne reviendrai pas sur un choix que j’ai fait Ă  titre personnel et sans contrainte; c’est un acte rĂ©flĂ©chi et dĂ©finitif ». Je demeurai donc au bas-fort Saint Nicolas duquel je voyais passer et repasser les petits pĂȘcheurs marseillais. Jusqu’au jour oĂč enfin je vis figurer mon nom sur la liste de dĂ©part. Une immense joie m’envahit alors mĂȘlĂ©e d’un certain soulagement car la crainte d’ĂȘtre refoulĂ© ne m’avait pas quittĂ© durant toutes ces journĂ©es passĂ©es ici. Je peux dire que j’étais fier d’ĂȘtre reconnu moralement apte Ă  servir la LĂ©gion! Chapitre 2 Un sĂ©jour Ă  Sidi Bel AbbĂšs AprĂšs 36 heures de voyage sur un vieux rafiot, le Sidi Brahim»,je dĂ©couvrais pour la premiĂšre fois l’ 23 ans. Je rejoignis Sidi Bel AbbĂšs par le train, retrouvant lĂ  un contingent de 500 hommes environ qui aprĂšs examen d’aptitude devaient ĂȘtre envoyĂ©s dans les diffĂ©rents rĂ©giments de la LĂ©gion pour huit mois d’instruction. Pour ma part, je fus affectĂ© dans un rĂ©giment de cavalerie, au quartier Dimitri Amilakvari » oĂč trĂšs vite je fus apprĂ©ciĂ© pour mes compĂ©tences de bon tireur. Cette Ă©valuation me conduisit Ă  l’équipage d’un char d’assaut en qualitĂ© de tireur de tourelle. J’étais trĂšs satisfait de mon affectation, ce poste Ă©tant sans conteste un maillon fort important de l’équipage. Par la suite, lorsqu’on me proposa de faire le peloton de Caporal, je refusai avec entĂȘtement, ne tenant pas Ă  prolonger mon sĂ©jour en Afrique,tant j’avais hĂąte de rejoindre l’Indochine. Durant cette longue instruction je fis la connaissance d’un compagnon de chambrĂ©e, un ancien » , rapatriĂ© d’Indochine pour raison sanitaire. Au fil des jours nous devĂźnmes de bons copains. Combien de verres de rosĂ© et de casse-croĂ»tes m’a-t-il offert au cours de nos permissions de spectacle! Il faut dire que l’immense casernement ainsi que toutes les rĂ©sidences pour sous-officiers et officiers formaient aux trois-quarts l’enceinte de Sidi bel AbbĂšs, faisant vivre toutes ses petites Ă©choppes mais aussi les bordels et autres gourbis dont grouillait la petite banlieue. Mais rien ne remplaçait le boudin, le lard et le saucisson fabriquĂ©s par les anciens lĂ©gionnaires de notre ferme! PrĂ©cisons que ce lieu Ă  vocation agricole appartenait effectivement Ă  la LĂ©gion .Elle y accueillait tous les soldats qui avaient servi pendant quinze ans et se retrouvaient sans autre refuge ni famille que leur rĂ©giment. Or, mon nouveau copain, d’origine lituanienne, prĂ©sentait une situation similaire Ă  celle de ces pensionnaires » d’un genre particulier. RĂ©formĂ© pour fiĂšvre et dysenterie, il me confia un soir son dĂ©sarroi toute sa famille ayant Ă©tĂ© exterminĂ©e par l’occupation russe, il ne savait oĂč aller Ă  la sortie, sans recommandation ni connaissances. TouchĂ© par une telle dĂ©tresse, je pris la dĂ©cision, sans le lui dire, d’écrire Ă  mon pĂšre, sollicitant pour lui une place de commis au sein de notre ferme familiale. La rĂ©ponse ne fut pas longue Ă  venir mon copain Ă©tait attendu Ă  Condamine, Ă  la maison, oĂč il serait reçu chaleureusement. Qu’elle ne fut pas la joie de mon compagnon lituanien auquel je dus faire lecture de la missive paternelle Ă  plusieurs reprises il n’en croyait pas ses oreilles! j’avais devant moi un homme comblĂ© de bonheur. DĂšs lors, il ne cessa de me gratifier, sacrifiant sa solde dans les bouges de Sidi Bel AbbĂšs Il resta jusqu’au bout un copain exemplaire et reconnaissant. Durant ces huit mois d’instruction Ă  Sidi Bel AbbĂšs mon oncle , persĂ©vĂ©rant dans ses intentions Ă  mon Ă©gard, me fit une nouvelle visite inopportune. Au bureau du Commandant, le dĂ©pĂŽt commun de la LĂ©gion Ă©trangĂšre, il me fit convoquer. Cette fois, il Ă©tait accompagnĂ© de son beau-frĂšre. Tous deux Ă©taient venus spĂ©cialement en avion pour m’inciter une fois de plus Ă  quitter l’armĂ©e. Aujourd’hui encore je n’ai toujours pas compris la raison d’un tel acharnement ... Cette confrontation que je vivais comme un affront fut beaucoup plus dure que la prĂ©cĂ©dente. J’avais l’impression d’ĂȘtre l’objet d’une vĂ©ritable machination.... Comme un candidat devant un jury, je dus convaincre le commandant de ma motivation en rĂ©affirmant mon choix avec force et sur la valeur emblĂ©matique de mon engagement Ă  la LEGION la parole donnĂ©e d’un lĂ©gionnaire ne se reprenait pas. Le Commandant fut sensible Ă  mes propos et ajouta en acquiescant que tout acte signĂ© devait ĂȘtre honorĂ©. AprĂšs cette ultime mise au point je quittai donc mon oncle et son beau-frĂšre. Nos adieux, dans le grand quartier Vienot, furent trĂšs froids. Pour ma part, je dois dire que je laissai libre cours Ă  ma colĂšre Ne te mĂȘle plus jamais de mes affaires »dis-je Ă  mon oncle ajoutant avec la fougue de ma jeunesse je n’ai de leçons Ă  recevoir de personne! ». Je crois mĂȘme Ă  ce moment l’avoir traitĂ© d’officier d’opĂ©rette! Heureusement, ma fin d’instruction approchait et je n’avais qu’une hĂąte partir enfin pour l’Indochine! Imaginez alors la dĂ©ception qui fut la mienne lorsqu’un lieutenant m’annonça un matin que je n’étais pas prĂ©vu pour le prochain convoi mon instruction devait se prolonger afin que j’apprenne le morse car Ă©tant d’origine française, on me rĂ©servait le rĂŽle de radio. A cette annonce mon sang ne fit qu’un tour! Je pressentais aussi confusĂ©ment que mon oncle pouvait ĂȘtre Ă  l’origine de cette dĂ©cision. La colĂšre me fit alors accomplir un geste que je devais regretter par la suite. Exprimant Ă  ma maniĂšre un furieux refus, j’administrai au Lieutenant un direct du droit dans la mĂąchoire; il alla s’effondrer quelques mĂštres plus loin. C’était le seul moyen que j’avais trouvĂ© pour partir! Evidemment , la sanction fut immĂ©diate j'Ă©copai de trois semaines de parc Ă  autruches ». Certes, j’étais puni mais je savais qu’aprĂšs on allait m’expĂ©dier pour l’ExtrĂȘme Orient ! Ce que je ne savais pas encore Ă  ce moment lĂ  c’est ce qu’allait ĂȘtre exactement ma punition et il faut bien dire que ce parc Ă  autruches » n’était pas une partie de plaisir! Dernier maillon disciplinaire avant le pĂ©nitencier de Colomb-BĂ©char, la punition en ce lieu consistait d’abord Ă  ĂȘtre enfermĂ© seul dans une taule de 5 m2, un bas flanc bĂ©tonnĂ© en guise de couchette. Matin, midi et soir un petit rĂ©gal consistant en une soupe d’eau chaude accompagnĂ©e de ses petits croĂ»tons Ă©tait servi. Ce repas devait ĂȘtre pris au garde Ă  vous, face au mur, le front appuyĂ© sur moindre geste Ă©tait rĂ©primĂ© d’un coup de cravache sur les reins. Le reste du temps, c’est Ă  dire toute la journĂ©e, il fallait courir au pas de gymnastique, Ă  petites foulĂ©es et sans interruption, sauf une pause trĂšs brĂšve Ă  midi. Le parc s’étalant sur 5000m2 Ă©tait murĂ© et grillagĂ© sur une hauteur de 4m environ. La piste en faisait le tour et au milieu s’étendait un grand bassin d’eau dans lequel on avait dressĂ© 10 cm de tessons de bouteilles cassĂ©es. Notre course infernale Ă©tait contrĂŽlĂ©e par des bergers allemands fort bien dressĂ©s sous la bonne garde de quatre lĂ©gionnaires. Comme vous l’imaginez la moindre dĂ©faillance pouvait ĂȘtre trĂšs douloureuse... Mais mĂȘme en ce lieu, je ne cessais de rĂȘver Ă  un avenir plein de promesses et de suspens... Bien sĂ»r, la grande aventure commençait assez mal mais ma peine prenait fin et je dois reconnaĂźtre que j’assumais tout cela parfaitement . J’étais passionnĂ© et fougueux, avide d’action et de dĂ©foulement. Peut-ĂȘtre essayais-je aussi d’oublier une adolescence marquĂ©e par la brutalitĂ© d’un pĂšre trop autoritaire et la froideur d’une mĂšre dont je ne ressentais pas l'amour. Mais ma chĂšre grand-mĂšre et ma tante TITA restaient dans mon coeur et m’offraient comme une protection bĂ©nie dans les Ă©preuves prĂ©sentes et Ă  venir... Chapitre 3 En avant pour l’aventure ! AprĂšs le parc Ă  autruches », je fus envoyĂ© en Indochine mais toujours sous mesure fus donc accompagnĂ© en train jusqu’à Bizerte par un sous-officier et deux lĂ©gionnaires en arme. Nous Ă©tions en juillet 1949. A Bizerte j’embarquai sur Le MarĂ©chal Joffre » . A son bord m’attendait Ă  nouveau un drĂŽle d’accueil je fus aussitĂŽt mis au mitard par le commandant du dĂ©tachement. Je croupis donc pendant les premiĂšres quarante huit heures dans un cachot, en fond de cale et dans le noir absolu. Quand on jugea bon de me sortir de ce trou Ă  rats, je fus placĂ© Ă  l’office de l’équipage. On me signifia alors clairement que je demeurerais Ă  cette place et sous l’autoritĂ© du postal agent responsable du mess pendant toute la traversĂ©e; je fis donc l’expĂ©rience du travail de plongeur pendant ces vingt six jours . Et je dois dire que cela ne me dĂ©plaisait pas. Le postal, d’origine sĂ©nĂ©galaise, Ă©tait sympathique et de fort bonne moralitĂ©. En outre, ce qui n’est pas nĂ©gligeable, j’étais trĂšs bien nourri. Le bateau naviguait cap est Ă  la vitesse de quinze noeuds environ. Le nettoyage et la plonge ne me prenaient que quelques heures. Le reste du temps j’admirais la mer et ses poissons volants par l’un des quatre hublots du mess. Quelques fois, je pouvais aussi contempler le lever ou le coucher du soleil. La nuit, je dormais sur une table, enroulĂ© dans une simple couverture car on m’avait formellement interdit de quitter mon poste un seul instant. Quoiqu’il en soit cette mission n’était pas dĂ©sagrĂ©able; j’étais souvent seul car le postal s’absentait frĂ©quemment en me laissant la surveillance du mess. Et bien souvent il m’est arrivĂ© de penser que j’étais privilĂ©giĂ© par rapport aux troupes entassĂ©es en cale. Les jours s’écoulaient ainsi paisiblement quand survint un incident Ă  l’escale de Djibouti. Un homme d’équipage me prit Ă  partie, me faisant remarquer que son verre n’était pas propre. Tout en m’excusant je m’empressai de le repasser Ă  la plonge et de l’essuyer mĂ©ticuleusement. Quelques instants plus tard le mĂȘme marin en claquant des doigts me fit signe de recommencer l’ m’exĂ©cutai une fois de plus et lui retournai le verre mais cette fois sans excuse. La mĂȘme scĂšne se rĂ©pĂ©ta une troisiĂšme fois et j’estimai Ă  ce moment lĂ  que la provocation devenait trop flagrante. J’empoignai l’homme par le col de son habit et lui adressai un uppercut du droit qui l’envoya sous une table! Le postal s’interposa alors et rĂ©ussit Ă  m’isoler dans la cambuse. A la fin du service , lorsque l’équipage eut repris ses fonctions,il me sortit de lĂ  et je repris mon travail, comme d’habitude. Mais quelques instants plus tard, il revenait accompagnĂ© du commandant de dĂ©tachement. Celui-ci me somma alors de m’expliquer sur les circonstances de cet avatar. Bon » me dit-il, pour cette fois, l’affaire est classĂ©e;mais que ce genre d’incident ne se reproduise plus!Un peu de diplomatie que diable! » Au repas du soir je remarquai que l’homme d’équipage Ă©tait trĂšs marquĂ© au visage mais aussi que tout dans son comportement trahissait ostensiblement la gĂȘne et mĂȘme, je crois pouvoir le dire , la honte; peut-ĂȘtre plus d’ailleurs vis Ă  vis de ses camarades que de moi-mĂȘme... Je lui fis remarquer avec beaucoup de diplomatie » et un brin d’arrogance que je pourrais aisĂ©ment me passer de ses excuses. Quelques jours aprĂšs cet incident j’eus la surprise de voir arriver trois lĂ©gionnaires au mess, lieu normalement interdit Ă  la troupe. Ils avaient empruntĂ© une coursive pour arriver jusqu’à mon poste. Ils m’apprirent que l’ensemble du dĂ©tachement Ă©tait au courant de ma mĂ©saventure et aprĂšs quelques minutes de conversation les trois compĂšres m’avouĂšrent la vĂ©ritable raison de leur visite remplir de pinard le bidon qu’ils avaient avec eux! Devant ma rĂ©ticence, ils m’amadouĂšrent en me flattant, vantant mes exploits » et ma rĂ©putation Ă  bord mon passage au mitard avait, soi-disant, fait le tour du dĂ©tachement et environ 1500 hommes attendaient de me rencontrer!Fort de cette toute nouvelle popularitĂ©, je remplis gĂ©nĂ©reusement le bidon de mes nouveaux camarades. Evidemment, l’opĂ©ration se renouvela le lendemain, le surlendemain et les jours suivants! J’abreuvais ainsi ces lĂ©gionnaires Ă  raison de quatre ou cinq litres d’alcool chaque jour. Et les lascars me promettaient la lune bien sĂ»r! Quant au postal, le brave homme fermait les yeux jamais durant toute la traversĂ©e il ne me fit une seule remarque ni ne me retira les clefs de la cambuse. L’essentiel du dĂ©tachement dĂ©barqua Ă  SaĂŻgon; le reste Ă  AĂŻphong au Tonkin. Je ne devais plus jamais revoir mes compagnons au bidon. ArrivĂ© en Baie d’Along, au point de mouillage, je fis mes adieux au postal. Avant que nous nous quittions Ă  tout jamais, et comme pour lever un voile ,il me confia que le marin avec lequel je m’étais battu Ă©tait un communiste fervent qui ne pouvait admettre que des soldats français aillent tuer ses frĂšres ».A chaque traversĂ©e, il prenait Ă  partie un lĂ©gionnaire bouc Ă©missaire qu’il se plaisait Ă  provoquer; je n’étais donc pas le premier Ă  avoir dĂ» subir sa de me serrer la main le postal me regarda longuement et me dit avec un certain respect tu es le premier Ă  avoir oser lui rĂ©pliquer! ».Je reçus cette confidence comme un compliment qui me rendait plus fort, prĂȘt Ă  affronter l’aventure qui m’attendait Ă  terre. Ainsi je dĂ©barquai en baie d’Along avec quelques 500 hommes environ, lĂ©gionnaires, spahis, goumiers, tabors, tirailleurs sĂ©nĂ©galais, marsouins de l’infanterie de marine, et quelques hindous originaires de Pondichery embarquĂ©s Ă  Colombo. Nous fĂ»mes transfĂ©rĂ©s Ă  AĂŻphong par de petites embarcations de style sampans. C’est dans ce port du Tonkin que devaient se reformer les troupes avant de rejoindre leurs unitĂ©s respectives. Durant une huitaine de jours, rassemblĂ©s dans une espĂšce de caserne dĂ©saffectĂ©e, nous attendions tous nos diffĂ©rentes affectations. Pour ma part, je reçus pour mission avec une vingtaine de camarades d’assurer le transport et la sĂ©curitĂ© des rĂ©fugiĂ©s de Tchan KaĂŻ Chek qui fuyaient le maoĂŻsme. Pendant deux semaines nous acheminĂąmes ainsi ces gens par milliers sur un vieux Liberty » de Ten-Yien Ă  Canfa-Port et Canfa-Mine, petits ports industriels situĂ©s en baie d’ navette emmenait une centaine de rĂ©fugiĂ©s. AprĂšs trois heures de transfert ils embarquaient alors par leurs propres moyens , souvent sur de frĂȘles coquilles, pour l’üle de Formose situĂ©e Ă  quelques milles de savaient que la traversĂ©e sans escale sur ces embarcations prĂ©caires serait longue, dangereuse et qu’ils n’atteindraient peut-ĂȘtre jamais l’üle. Je me souviens de ces rĂ©fugiĂ©s chinois, inquiets certes pour leur avenir incertain, mais cependant dignes et reconnaissants , nous remerciant sans cesse de l’opportunitĂ© qui leur Ă©tait nous confiaient dans un français parfait leur regret de quitter la Chine mais aussi leur choix de fuir la rĂ©pression maoĂŻste qui selon eux ferait subir au pays une purge stalinienne. Je rĂ©alisai alors Ă  quel point la volontĂ© dĂ©terminante de ce peuple pouvait servir son destin. Durant l’une de ces traversĂ©es, j’eus l’occasion d’assister Ă  un Ă©vĂšnement peu banal. Nous avions remarquĂ© qu’une des femmes Ă©tait enceinte et semblait fort avancĂ©e dans sa grossesse. Elle devait accoucher durant le voyage dans les conditions les plus sommaires qui soient. Son mari qui l’assistait fut remarquable dans la prĂ©cision et la maĂźtrise de ses gestes, exĂ©cutant Ă  mon avis une prestation digne d’un obstĂ©tricien professionnel! Durant tout l’accouchement, l’assistance se tenait lĂ , supportant le jeune couple en chantant et s’exclamant de joie. Inutile de vous dire que le spectacle n’était pas commun pour nous autres europĂ©ens! Mais ce qui allait se passer dans l’heure suivante Ă©tait encore plus surprenant. ArrivĂ©s Ă  Canfa-Port Ă  marĂ©e basse, soit deux Ă  trois mĂštres en dessous du niveau normal de la mer, nous eĂ»mes la surprise de voir dĂ©barquer la jeune mĂšre, son bĂ©bĂ© accrochĂ© dans le dos, escaladant l’échelle de montĂ©e dressĂ©e Ă  la verticale, avec une agilitĂ© et une souplesse qui nous laissa tous pantois! ExceptĂ© cet heureux intermĂšde, les traversĂ©es se dĂ©roulaient plutĂŽt calmement dans ce cadre exceptionnel et majestueux de la baie d’Along. Il fallait toutefois respecter un itinĂ©raire prĂ©cis en Ă©vitant surtout de longer les calcaires oĂč les viets embusquĂ©s auraient pu nous saluer Ă  coup de rafales d’armes plus que nous avions reçu l’ordre de ne pas riposter dans ce cas! Vers la fin septembre de l’annĂ©e 1949 nous devions rejoindre Ten-Yen prĂšs de MonkaĂŻ sur la frontiĂšre de Chine afin d’y ĂȘtre embarquĂ©s pour nos unitĂ©s combattantes. C’est Ă  Ten-Yen que prend naissance la route coloniale n° 4, appelĂ©e RC4,jalonnant la frontiĂšre de Chine jusqu’à Cao-Bang. Je savais que j’étais affectĂ© au 3Ăšme rĂ©giment d’infanterie,1er bataillon,2Ă©me compagniej’avais donc l’insigne honneur d’appartenir au plus ancien rĂ©giment de la LĂ©gion Ă©trangĂšre auparavant appelĂ© RMLERĂ©giment de Marche de la LĂ©gion EtrangĂšre. Je ne vous rappellerai pas que le 3Ăšme REI est actuellement le rĂ©giment le plus dĂ©corĂ© avec 16 citations juste aprĂšs le RICM RĂ©giment d’Infanterie Colonial Marocain qui peut s’enorgueillir de 17 citations. C’est aussi le seul rĂ©giment de France auquel a Ă©tĂ© attribuĂ© la fourragĂšre avec aiguillette. Chapitre 4 Sur la RC4, direction Cao-Bang L’infanterie me passionnait. J’aimais les armes Ă  feu et l’odeur de la poudre brĂ»lĂ©e. Cette passion avait commencĂ© Ă  l’ñge de quatorze ans environ . On avait offert Ă  mon oncle durant sa carriĂšre militaire un Ă©tui de cinq pistolets, et ces armes me fascinaient. Combien de fois en ais-je saisi une Ă  la dĂ©robĂ©e pour aller m’exercer dans le petit bois de mon village muni d’un chargeur rempli de balles! Je me souviens encore des deux cibles que j’avais fabriquĂ©es et sur lesquelles j’avais dessinĂ© des cercles soigneusement colorĂ©s. J’entretenais mĂ©ticuleusement ces grand-mĂšre m’ayant surpris un jour dans ce travail, je m’empressai de la rassurer en lui expliquant qu’il fallait Ă  tout prix nettoyer ces pistolets afin de les prĂ©server de la rouille! Je ne sais si elle m’a cru mais devant mon habiletĂ© Ă  dĂ©monter, graisser, huiler et remonter l’arme, j’ai vu l’inquiĂ©tude disparaĂźtre de son regard. Cette adresse me fut d’ailleurs fort utile quelques annĂ©es plus tard, au maquis. Mais ici, sur la frontiĂšre de Chine, ces souvenirs de prime jeunesse me paraissaient bien lointains! De Ten-Yen nous nous engageĂąmes donc sur cette RC4 embarquĂ©s dans des convois de camions montant sur Cao-Bang Plus nous avancions sur ces terres du Haut-Tonkin et plus mon excitation grandissait. Tout me troublait et m’enchantait Ă  la fois les parfums d’épices orientales mĂȘlĂ©s aux odeurs de poissons sĂ©chĂ©s, les paysans que nous croisions et qui conduisaient Ă  la baguette des bandes de canards jusqu’au ruisseau et surtout cette forĂȘt dense et magique qui recouvrait parfois le chemin. Je me sentais heureux de vivre et de dĂ©couvrir ce nouveau monde aux moeurs si diffĂ©rentes des nĂŽtres. Ainsi nous suivions cette route sillonnante, avec ses cols, ses vallĂ©es, ses guĂ©s et bien sĂ»r ses villages qui me semblaient Ă©tranges et familiers Ă  la fois Langson, Dong-Dang, Nacham, Bo-Cung, Long-VaĂŻ, Tchak-Khe... A chaque escale l’accueil des villageois Ă©tait chaleureux et toujours aimable. Lorsque nous nous arrĂȘtions pour une nuit, nous Ă©tions reçus chez l’habitant qui , outre le gĂźte, nous offrait ses meilleurs plats et son hospitalitĂ© gĂ©nĂ©reuse et enthousiaste. Ma fougue et ma passion croissaient au fil des jours. Bien sĂ»r, pendant notre parcours nous avions essuyĂ© plusieurs coups de feu mais le caractĂšre sporadique de ces attaques laissait supposer qu’elles Ă©taient l’oeuvre de petits groupes isolĂ©s et donc non dangereux;du moins Ă©tait-ce l’avis de nos partisans qui jalonnaient la route assurant l’ouverture du convoi et sa protection. Nous avions appris Ă  reconnaĂźtre ces tirs au coup par coup Ă  leur son sourd et prolongĂ© qui trahissait des armes anciennes ou de fabrication artisanale. Inconsciemment, nous vivions ces Ă©pisodes comme Ă©tant inĂ©vitables et naturels; nous avions reçu l’ordre de ne pas riposter, notre intervention sur ce territoire relevant d’une politique de pacification et peut-ĂȘtre n’envisagions nous pas encore ces tirs comme de rĂ©elles attaques ennemies... Nous Ă©tions loin d’imaginer ce qui allait se passer par la suite A notre arrivĂ©e Ă  Cao-Bang , un accueil moins courtois que celui des villageois m’attendait je fus immĂ©diatement interpellĂ© par la police militaire et emmenĂ© manu militari dans une prison de droit commun . LĂ , sans autre forme de procĂšs et sans aucune explication je fus jetĂ© dans une taule infĂąme oĂč croupissaient des dizaines de civils, hommes, femmes et enfants tous entassĂ©s, couchant par terre sur des nattes pourries par l’humiditĂ©. Une petite lucarne laissait passer une lĂ©gĂšre clartĂ© dans ce taudis moite et fĂ©tide. Dans un recoin une installation rudimentaire servait aux besoins naturels et envahissait la piĂšce de reflux pestilentiels. En guise de repas on nous apportait du riz avec de l’eau et tout le monde mangeait dans la mĂȘme gamelle. J’ai dĂ» vivre dans ce cachot plusieurs jours avec des gens dont je ne comprenais pas la langue et qui d’ailleurs m’ignoraient. Je n’ai jamais su la raison de cette punition. A ma sortie certains murmurĂšrent qu’il s’agissait d’une erreur! Une fois dehors on m’ordonna de couper du bois pour l’une des roulantes et ce dans l’attente de mon affectation Ă  la 2Ăšme compagnie qui Ă©tait en train de battre retraite de Bakan et de Phu Long Tonc. En ces lieux les troupes avaient dĂ» combattre une importante attaque viet, premier avertissement de la part de l’ennemi qui se positionnait ainsi stratĂ©giquement dans une zone qui allait devenir la fameuse route HĂŽ-Chi-Minh » qui servirait plus tard Ă  l’offensive de DiĂȘn-BiĂȘn-Phu. A partir de ce moment , c’est Ă  dire dĂšs septembre 1949, et jusqu’à Mai 1954, ce secteur occupĂ© par l’ennemi ne fut jamais contrĂŽlĂ© ni surveillĂ© par les forces comprend dĂšs lors comment les viet-minh encadrĂ©s par les chinois ont pu sans grande difficultĂ© organiser leur ultime combat qui conduisit Ă  leur conquĂȘte de 1954! Au retour donc de toutes ces unitĂ©s, lĂ©gionnaires, tabors, goumiers et tirailleurs sĂ©nĂ©galais affluĂšrent sur Cao-Bang et je pus enfin intĂ©grer la 2Ăšme compagnie en qualitĂ© de tireur au fusil mitrailleur. Cette arme, un 24/29, ne me quittera plus jusqu’à la fin de mon sĂ©jour en numĂ©ro matricule,18 372, est restĂ© Ă  jamais gravĂ© dans ma mĂ©moire. Il faut dire que ce fusil mitrailleur faisait ma fiertĂ© au sein de l’équipe,tous des anciens, engagĂ©s trois ans avant moi. Plus tard, lorsque je demandai Ă  mon chef de groupe pourquoi l’on m’avait confiĂ© la responsabilitĂ© dune arme collective, il me rapporta que c’était au vu des rĂ©sultats que j’avais obtenus lors de mon instruction Ă  Sidi Bel AbbĂšs. Je dus tester mon FM dans tous ses dĂ©tails car on savait Ă  cette Ă©poque que certaines armes Ă©taient tout simplement sabotĂ©es par nos compatriotes français et communistes Ă  l’usine de fabrication de Tulle... A ce moment , j’ignorais encore qui Ă©tait mon Capitaine de Compagnie;j’essayais simplement de comprendre ce qui ce passait dans ce secteur de l’Indochine oĂč semblait rĂ©gner le plus grand dĂ©sordre. Chapitre 5 Un hiver sur le col de Long PhaĂŻ Ma compagnie fut finalement affectĂ©e Ă  la protection des convois montant sur Cao-Bang et particuliĂšrement au col de Long PhaĂŻ, l’un des endroits les plus meurtriers de la RC4. Le passage du col se faisait par une route escarpĂ©e dans les calcaires et coiffĂ©e d’une brousse intense permettant Ă  peine le passage des autour , nous distinguions les grottes qui servaient de refuges aux viets. Cao-bang qui, avec sa citadelle, se trouvait ĂȘtre le lieu le plus avancĂ© du Nord Tonkin, Ă©tait donc ravitaillĂ© au rythme de deux convois par semaine; ce n’est que bien plus tard que les liaisons purent se faire par voie aĂ©rienne. Cette place, stratĂ©giquement bien fortifiĂ©e, Ă©tait dĂ©fendue par plusieurs unitĂ©s combattantes lĂ©gionnaires, tabors, goumiers, tirailleurs ces forces figurait un bataillon du 3Ăšme REI, les autres se trouvant en poste ou en intervention. L’hiver arriva sur le col de Long PhaĂŻ La capote Ă©tait dĂ©sormais nĂ©cessaire, particuliĂšrement la nuit, pendant nos tours de garde. Durant ces moments oĂč nous nous sentions parfois si seuls, nous apprenions Ă  dĂ©couvrir la faune qui nous environnait...Ainsi nous nous amusions des coassements du crapaud-buffle, particuliĂšrement bruyants dans la nuit. Jusqu’au jour oĂč survinrent diffĂ©rents faits de guerre auxquels nous n’étions pas prĂ©parĂ©s et qui nous valurent malheureusement la perte de quelques sentinelles. L’ennemi s’organisait dans la rĂ©gion qu’il venait de conquĂ©rir. C’est avec ruse qu’il nous surprit Ă  maintes reprises en rampant jusqu’à nous dans la nuit tout en imitant les bruits les plus proches; il poignardait alors le soldat de garde pour s’emparer de son arme avant de s’enfuir. Pour parer Ă  ces attaques nocturnes notre capitaine dĂ©cida rapidement de renforcer les sentinelles en les plaçant dos Ă  dos ce qui s’avĂ©ra trĂšs efficace. Nous commencions Ă  suspecter les habitants des villages qui nous entouraient. Du laboureur avec son buffle jusqu’au balancier qui nous transportait, tous pouvaient ĂȘtre nos ennemis ou invisibles le jour, parfois blottis dans les calcaires, ils se transformaient en tueurs silencieux la nuit. Cette guĂ©rilla sournoise commençait Ă  nuire au moral des troupes. Qui plus est, la gĂ©ographie et la configuration des lieux ne nous facilitaient pas la tĂąche. Ainsi, il nous arrivait d’ĂȘtre pris en enfilade , coincĂ©s dans les calcaires, ne pouvant ni avancer ni venait alors en les mitraillages de ces avions bombardiers BIER4 Ă  l’entrĂ©e des grottes n’étaient d’aucune efficacitĂ© et d’impact nul tant sur le plan offensif que dĂ©fensif. DĂšs la fin de l’attaque aĂ©rienne, l’ennemi sortait des calcaires pour reprendre sa cadence au n’est qu’à la tombĂ©e de la nuit que nous pouvions nous sortir du guĂȘpier. C’est Ă  cette pĂ©riode que notre commandant de compagnie fut rapatriĂ© et remplacĂ© par le cĂ©lĂšbre Capitaine Mattei qui arrivait pour un deuxiĂšme sĂ©jour. L’homme, plutĂŽt petit et trapu, Ă©tait vif et rapide dans ses dĂ©cisions mais surtout il s’avĂ©ra ĂȘtre un officier totalement atypique et anticonformiste. Homme d’exception avec un fort charisme, il Ă©tait un baroudeur nĂ©, anti-rond de jambes », n’ayant que faire des Etats -majors et de leurs ordres donnĂ©s. Durant tout ce temps passĂ© sous ses ordres, j’allais apprendre Ă  le dĂ©couvrir et Ă  le respecter. En cet hiver 1949-1950, les combats sĂ©vissaient donc sur le col de Long PhaĂŻ qui, rappelons le, Ă©tait un point stratĂ©gique de la RC4 il s’agissait pour le viet d’empĂȘcher au maximum le passage des convois afin de nuire au ravitaillement de la citadelle Ă  Cao-Bang. La technique guerriĂšre de l’ennemi consistait en une stratĂ©gie futĂ©e organisĂ©e en commandos. AprĂšs avoir attaquĂ© et brĂ»lĂ© les camions, il laissait les blessĂ©s aux bons soins des brigades de la mort ». Ces unitĂ©s composĂ©es de femmes endoctrinĂ©es et droguĂ©es avaient pour mission de terminer le travail elles se ruaient sur les vĂ©hicules enflammĂ©s avec une bouteille d’essence au goulot de laquelle Ă©tait fixĂ©e une grenade incendiaire; puis au milieu des flammes et Ă  l’aide d’un coupe-coupe, elles tranchaient les testicules des blessĂ©s ou des corps sans vie pour les leur placer dans la barbarie accomplie, elles disparaissaient dans la brousse. Les vĂ©hicules incendiĂ©s Ă©taient alors poussĂ©s dans le ravin et ce qu’il en restait faisait l’objet d’un vĂ©ritable pillage. En gĂ©nĂ©ral, la tĂȘte du convoi Ă©chappait Ă  l’assaut mais chaque attaque nous faisait perdre environ le tiers de nos camions... sans compter les pertes humaines! Ne pouvant faire demi-tour sur cette route, l’escorte affaiblie et les chauffeurs, survivants et blessĂ©s, tous se repliaient dans la jungle qui, fort heureusement, permettait de se retrancher en se camouflant relativement bien. J’eus moi-mĂȘme l’occasion d’en faire l’expĂ©rience. Plein de hardiesse et d’inconscience je m’étais avancĂ© ce jour lĂ  seul sur la route, dans l’attente d’un convoi. Les brigades de la mort » ne furent pas longues Ă  se jeter Ă  mes trousses en hurlant leurs cris de guerre. AussitĂŽt, j’eus le rĂ©flexe de vider sur elles les quatre chargeurs de mon arme automatique. Certaines tombĂšrent mais les autres redoublĂšrent de hargne dans leur folie meurtriĂšre. Je dus m’enfuir en courant dans les broussailles pour me blottir derriĂšre deux gros rochers en tenant serrĂ©e contre moi mon arme dĂ©pourvue de munitions! Certes, j’avais encore quatre grenades offensives accrochĂ©es Ă  mon ceinturon, mais je n’en menais pas large! AprĂšs le passage du convoi, lorsque le calme fut revenu, je pus rejoindre ma section. Tous me croyaient disparu. Evidemment, on ne me fĂ©licita pas pour cet acte de bravoure » ni pour ma folle initiative car, est-il utile de vous le prĂ©ciser, je m’étais passĂ© de l’autorisation de mon chef. Les opĂ©rations de piratage dont nous Ă©tions victimes avaient bien sĂ»r pour but de nous affaiblir mais aussi de faire main basse sur l’armement et nos munitions que l’ennemi convoitait particuliĂšrement. Les carcasses de nos camions incendiĂ©s et pillĂ©s gisaient dans un prĂ©cipice de plusieurs dizaines de mĂštres d’oĂč s’échappait continuellement l’odeur des corps en dĂ©composition et des marchandises mal viets y rĂ©cupĂ©raient tout ce qui pouvait ĂȘtre utile. Une certaine escapade me fit approcher de trĂšs prĂšs ces pirates... Alors que le froid sĂ©vissait avec rudesse sur le col de Long PhaĂŻ, mes camarades et moi fĂ»mes pris un soir d’une irrĂ©sistible envie de boire du vin... AprĂšs un tirage au sort, je fus dĂ©signĂ© pour la corvĂ©e des grands crus! Ma mission consistait Ă  descendre au fond du ravin avec plusieurs bidons accrochĂ©s au ceinturon afin de remplir ceux-ci du prĂ©cieux breuvage. ArrivĂ© en bas aprĂšs environ une demi-heure d’escalade, je distinguai des chuchotements dans la nuit; des faisceaux de lampes torche balayaient le sol jonchĂ© de denrĂ©es et de matĂ©riel brĂ»lĂ©s. Au bruit du liquide transvasĂ©, je compris que des pirates Ă©taient en train de grappiller ce que je venais moi-mĂȘme chercher! Toujours tapi dans l’obscuritĂ©, j’attendis leur dĂ©part. Je trouvai alors un fĂ»t Ă©ventrĂ© mais qui contenait encore de cet Ă©lixir tant convoitĂ©! Mes bidons remplis, je remontai rejoindre mes camarades qui m’accueillirent en hĂ©ros! Le rĂ©cit de l’aventure et le vin nous maintint Ă©veillĂ©s toute la nuit. Nous ne nous lassions pas de commenter cette rencontre inattendue qui aurait pu m’ĂȘtre fatale. Il faut dire que les pirates Ă©taient trĂšs nombreux dans cette rĂ©gion qui sĂ©pare Langson de Cao-Bang. Descendants des ThaĂŻs-Bleus, dĂ©nommĂ©s les Pavillons Noirs », ils Ă©taient connus pour leurs qualitĂ©s de chasseurs de fauves et de combattants intrĂ©pides. L’ennemi s’organisait au fil des jours et constituait son armĂ©e avec l’aide de ses alliĂ©s ou sympathisants. La Chine fournissait l’encadrement et les soldats; Moscou assurait l’armement et les munitions, quand celles-ci n’étaient pas anglaises, amĂ©ricaines ou mĂȘme françaises!!! Ainsi, pendant mon sĂ©jour dans le Haut-Tonkin, j'appris que Le Pasteur » avait Ă©tĂ© arraisonnĂ© par les services secrets du GĂ©nĂ©ral Jacquin, le navire transportant une importante cargaison d'armes d'infanterie et de munitions destinĂ©es Ă  l'ennemi. Je ne sus jamais ce qu'il Ă©tait advenu du Pacha mais son bateau fut immobilisĂ© pendant plusieurs semaines dans la baie d'along. Moi-mĂȘme, j'ai rĂ©cupĂ©rĂ© plusieurs fois, Ă  l'occasion d'embuscades, des armes ultra-rĂ©centes grenades, mitraillettes, fusils mitrailleurs... toutes provenant de la manufacture de Tulles et destinĂ©es aux soldats de HĂŽ Chi Minh... Quoi qu'il en soit,de notre cĂŽtĂ©, le col de Long-PhaĂŻ Ă©tait bien couvert militairement. -L’artillerie française avait la rĂ©putation d’ĂȘtre l’une des meilleures du en tout cas l’avis de mes camarades lĂ©gionnaires qui avaient dĂ©jĂ  combattu sur bien des Ă©tait vĂ©nĂ©rĂ©e des anciens de Russie, du front de l’Atlantique et de l’Africa Corps. A une distance de 12 ou 15 kilomĂštres elle pouvait, grĂące Ă  un rĂ©glage parfait pilonner un point dĂ©terminĂ© Ă  une centaine de mĂštres de nos troupes. Elle nous sauva Ă  maintes reprises de situations extrĂȘmement pĂ©rilleuses grĂące Ă  la prĂ©cision de ses tirs. -Tel n’était pas le cas de l’aviation dont nous craignions les erreurs d’objectifs Ă  l’apparition des chasseurs bombardiers venant en renfort, nous nous camouflions de peur de leur servir de cibles! -Les Marsouins,commandos parachutĂ©s de l’infanterie de marine, nous vinrent aussi en aide bien des fois au Tonkin combien moururent avant mĂȘme de toucher le sol, leur parachute transpercĂ© par des rafales de mitrailleuses ou leur corps venant s’empaler sur des bambous Ă  l’atterrissage. Lors de l’une de leurs interventions, j’eus le plaisir d’ĂȘtre conviĂ© Ă  boire le champagne par trois d’entre eux, l’un des Marsouins ayant placĂ© une bouteille dans son barda avant son dĂ©part. Au moment de se quitter, nous dĂ©coupĂąmes le bouchon en quatre parties Ă©gales en y indiquant la date et en se faisant la promesse de conserver ce tĂ©moin d’un moment fort et insolite passĂ© ensemble. Je dĂ©tiens toujours ce petit bout de souvenir dans mes reliques. A ce jour, il n’a pas retrouvĂ© ses trois autres parties... Du cĂŽtĂ© des viets, l’organisation guerriĂšre commençait Ă  s’avĂ©rer extrĂȘmement efficace ; leurs rĂ©centes conquĂȘtes de Ba-Khan et de Chu-Tong-Hoa pouvaient en tĂ©moigner. Si certains bataillons Ă©taient peu armĂ©s , d’autres l’étaient davantage, notamment ceux qui Ă©taient formĂ©s en Chine oĂč Giap, chef suprĂȘme de l’armĂ©e d’HĂŽ Chi Minh, prĂ©parait son offensive sur toute la rĂ©gion nord-ouest du Tonkin. Sur le col de Long PhaĂŻ nous continuions Ă  prĂ©server l’ouverture de la RC4 vers Cao-Bang en repoussant les assauts des attaques partisanes qui au fil des jours devenaient presque routiniĂšres! RĂ©guliĂšrement, nous avions droit Ă  quelques parachutages de munitions et de vivres de campagne...Je me souviens de cette fameuse ration Pacific » contenant le corned-beef ou les sardines,les biscuits de soldat, la limonade en poudre, le paquet de cigarettes, la dose de quinine et le sachet de dĂ©sinfectant pour l’eau .Notons que ces comprimĂ©s Ă©taient indispensables, particuliĂšrement quand nous devions remplir nos bidons d’eau rĂ©cupĂ©rĂ©e dans des trous Ă  buffles. Lorsque le ravitaillement faisait dĂ©faut nous vivions de la nourriture que nous offraient gĂ©nĂ©reusement les villageois dont l’attitude ne nous semblait pas hostile. Nous constations que les villages n’étaient peuplĂ©s que de vieillards, de femmes et d’enfants... Mais nous savions que des hommes Ă©taient sans doute camouflĂ©s aux alentours et particuliĂšrement dans les souterrains qui constituaient de vĂ©ritables labyrinthes oĂč se jouait la guerre secrĂšte d’Indochine. Les villageois dans la force de l’ñge Ă©taient enrĂŽlĂ©s dans l’armĂ©e du GĂ©nĂ©ral Giap. EncadrĂ©s par des formateurs chinois, ces soldats Ă©taient endoctrinĂ©s jusqu’au fanatisme. Mais je pense que cette armĂ©e Ă©tait aussi constituĂ©e Ă  50% de femmes qui formaient notamment les fameuses brigades de la mort. Sur la RC4, les assauts rĂ©pĂ©tĂ©s de l’ennemi attaquant les convois commençaient Ă  fragiliser de plus en plus la place forte de Cao-Bang. Le ravitaillement n’arrivait plus, les munitions se faisaient de plus en plus rares alors mĂȘme que la citadelle regroupait quelques 3000 hommes toutes armes confondues sous l’autoritĂ© de Charton. That-Khe , autre place forte situĂ©e entre Langson et Cao-Bang, Ă©tait sous l’autoritĂ© de Lepage Alors que HanoĂŻ Ă©tait le haut Ă©tat-major, Langson Ă©tait un sous Ă©tat -major supervisant essentiellement les activitĂ©s du Haut-Tonkin. En Indochine Ă  cette Ă©poque, la LĂ©gion Ă©trangĂšre Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par le 3Ăšme REI ainsi que par un bataillon du train et deux bataillons de parachutistes basĂ©s dans la banlieue d’HanoĂŻ. Mais les forces armĂ©es Ă©taient aussi constituĂ©es de troupes rĂ©guliĂšres telles que le CTM/CO, les 1er, 3Ăšme et 11Ăšme tabors, une unitĂ© de parachutistes Thos, le 3Ăšme BCPC, le 1er chasseur ainsi que le 21Ăšme rĂ©giment d’infanterie pas l’armĂ©e de l’air, les services de santĂ© ainsi que les transmissions et matĂ©riel du GĂ©nie. PrĂ©cisons qu’en cette annĂ©e 1949-1950 , la LĂ©gion Ă©tait essentiellement formĂ©e de soldats du 3Ăšme REICH, vĂ©ritables professionnels de la guerre ayant combattu sur tous les fronts de la Seconde guerre mondiale. A suivre ...
Cest nous les descendants des régiments d'Afrique Les chasseurs, les spahis, les gourmiers Gardiens et défenseurs d'empires magnifiques Sous l'ardent soleil chevauchant sans répit nos fiers coursiers Toujours prets à servir A vaincre ou à mourir Nos coeurs se sont unis Pour la Patrie. 2. Trompette au garde à vous, sonnez à l'étendard
je transfĂšre le post et comme tu le dit tĂ©nardier il n'Ă©tait pas a sa place Re Sidi Bel Abbes par tenardier Hier Ă  1454je sais que ca n'a rien avoir mais j'ai pas pu m'empecher, trop de souvenirs!!!![url= y a jamais de boudin pour les belges ? sont sympas les belgestenardier Messages 44Date d'inscription 06/04/2010Age 44Localisation Digne les bains par tenardier Hier Ă  1459C'est nous les descendants des rĂ©giments d'AfriqueLes chasseurs, les spahis, les gourmiersGardiens et dĂ©fenseurs d'empires magnifiquesSous l'ardent soleil chevauchant sans rĂ©pit nos fiers coursiersToujours prets Ă  servirA vaincre ou Ă  mourirNos coeurs se sont unisPour la Trompette au garde Ă  vous, sonnez Ă  l'Ă©tendardEt que fiĂšrement dans le ciel montent nos trois couleursLe souffle de la France anime la fanfareEt met Ă  chacun, un peu d'air du pays au fond du coeurC'est notre volontĂ©De vaincre ou de lutterDe consacrer nos viesA la Patrie. 3. La piste est difficile et toujours nous appellePar les Monts pelĂ©s de Taza, de Ksar's Souk, de MideltL'Ă©lan de Bournazel vers le TafilaletSur les Ksour ralliĂ©s plantera fiĂšrement nos trois Ensemble nous referons gaiement flotter nos Ă©tendartsEt suivrons partout hardiement l'Ă©clat des trois couleursEnsemble nouc reprendrons demain le chemin du dĂ©partEt pour le pays seront prĂȘts Ă  lutter sans nulle Soldats, toujours devant, toujours la tĂȘte haute,Nous serons prĂ©sents sous la pluie, dans le vent, en avant!L'ennemi nous trouvera le coeur plein de courageEt dans ce combat glorieux revivront tous nos y a jamais de boudin pour les belges ? sont sympas les belges
LESTROMPETTES D’AÏDA (chant ) dimanche 2 septembre 2007, par HistoireDuMonde.net. LES TROMPETTES D’AÏDA. C’est nous les descendants des
Dans le royaume de France, les dragonnades ont conduit Ă  l'abjuration de dizaines de milliers de protestants - © Nastasic PubliĂ© le 27 mai 2019 Mise Ă  jour le 6/02 Par Louis Fraysse Le mot “dragonnades” incarne Ă  lui seul l’histoire de persĂ©cutions subies par les protestants du royaume de France. Le terme de dragonnades revoie aux annĂ©es prĂ©cĂ©dant la rĂ©vocation de l’édit de Nantes, actĂ©e en 1685. De 1679 Ă  1685, sous le rĂšgne de Louis XIV, une cascade de mesures cible les huguenots du royaume. Interdiction aux catholiques de se convertir au protestantisme 1680, interdiction aux catholiques de se marier avec des protestants 1680, exclusion des protestants des offices de notaire, procureur et huissier 1682, interdiction de sortir du royaume sans la permission du roi 1682, ou encore interdiction d’exercer les professions de libraire, imprimeur, mĂ©decin ou chirurgien 1685. Dans le BĂ©arn et surtout le Poitou, oĂč opĂšre l’intendant RenĂ© de Marillac, un pallier supplĂ©mentaire est franchi. Des opĂ©rations ciblĂ©es visent les protestants pour les faire abjurer leur foi et les convertir au catholicisme. Ce sont les dragonnades. Le terme de dragon » dĂ©signe un soldat combattant Ă  pied, mais se dĂ©plaçant Ă  cheval. Les rĂ©giments de dragons ont Ă©tĂ© créés en 1668 et se sont dĂ©jĂ  illustrĂ©s en Bretagne pour mater la rĂ©volte antifiscale des bonnets rouges de 1675. Les dragonnades reposent sur un double principe l’intimidation physique et la contrainte financiĂšre. Les familles protestantes visĂ©es sont contraintes de loger chez elles les soldats jusqu’à ce qu’elles abjurent. Une fois l’objectif atteint, ils logent dans la maison voisine. Piller et dĂ©truire Les dragons, bien souvent, n’hĂ©sitent pas Ă  piller et Ă  dĂ©truire. Les protestants qui acceptent de se convertir sont dispensĂ©s de loger des dragons pendant deux ans. Dans le Poitou et le BĂ©arn, les dragonnades ont des effets tangibles, mĂȘme si les rĂ©actions protestantes sont de diverse nature certains prennent la fuite quand d’autres tentent d’adresser des plaintes au roi. Mais acculĂ©s, harcelĂ©s, des dizaines de milliers abjurent. Les dragonnades continuent aprĂšs l’édit de Fontainebleau qui rĂ©voque l’édit de Nantes ; elles s’étendent alors aux provinces du nord de la France. Inscrit au fer rouge, le souvenir des dragonnades restera longtemps un traumatisme pour les protestants du Royaume. Encore aujourd’hui, le terme mĂȘme de dragonnade charrie l’imaginaire de la lĂ©gende noire » des huguenots, comme le rĂ©sume l’historien Patrick Cabanel dans son Histoire des protestants en France S’il est un mot pour dĂ©crire Ă  lui seul la tragĂ©die française du protestantisme, comme pogrom dans le russe antisĂ©mite, c’est bien celui-lĂ . » Sources Les protestants dans la France moderne Didier Boisson et Hugues Daussy, Belin, 2006. Histoire des protestants en France Patrick Cabanel, Fayard, 2012. Pour une lecture en mode zen, tĂ©lĂ©chargez gratuitement l’application RĂ©forme Abonnez-vous Ă  RĂ©forme Ă  partir de 5 €/mois magazine hebdomadaire
Quelrapport les afro-descendants nĂ©s en Europe entretiennent-ils avec leur double culture et l’Afrique ? April 26, 2021 April 28, 2021 by Audrey Abaca. En juin 2020, j’ai rĂ©alisĂ© le Du Royal-Cravate » de Louis XIV aux RĂ©giments Croates de NapolĂ©on Allocutions prononcĂ©es Ă  l’occasion de l’inauguration, le 28 octobre 1956, de la plaque aux rĂ©giments croates, publiĂ©es dans la revue d’histoire militaire Carnet de la Sabretache » n°416, juin 1957. Pour honorer la mĂ©moire des Croates ayant combattu avec les armĂ©es françaises, le ComitĂ© des Travailleurs croates a fait apposer sur les murs de notre HĂŽtel une plaque qui va, dĂ©sormais, rappeler Ă  tous la fidĂšle et lourde part que nos amis croates ont prise Ă  notre histoire militaire. Allocution de M. Mirko METER Vice-PrĂ©sident du ComitĂ© des Travailleurs croates en France L’HĂŽtel des Invalides est, pour tous les Français, nous le savons, le mĂ©morial permanent de la gloire militaire de leur patrie. Qu’il soit permis Ă  des travailleurs croates d’y apporter, avec cette plaque commĂ©morative, Ă  la fois l’hommage de leur administration pour les soldats croates et français qui, sous le mĂȘme drapeau, ont combattu pour la lente et difficile crĂ©ation d’une Europe viable et humaine, et aussi l’hommage de leur affection pour la France, affection qui s’épanouit dans leur cƓur et dans leur cerveau, en reconnaissance de l’asile fraternel que leur a offert la RĂ©publique, fidĂšle gardienne de ses traditions d’hospitalitĂ©. À la mĂ©moire des rĂ©giments croates qui sous le drapeau français ont partagĂ© la gloire de l’armĂ©e française » HĂŽtel des Invalides - Cour d’honneur Nous sommes ici dans le Temple de Patrie. Par une association d’idĂ©es inĂ©luctable, nous pensons Ă  notre propre patrie. Elle est fort ancienne, notre patrie, pour laquelle nous professons tous un amour qui dĂ©fie les souffrances morales et physiques. DĂšs le IIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ, sur la mer d’Azov, Ă  l’embouchure du Don, sur le sol de l’antique colonie grecque de TanaĂŻs, le mot croate » figure sur les tombes. Sous empereur HĂ©raclius, qui rĂ©gna de 610 Ă  641, notre peuple Ă©tait dĂ©jĂ  fixĂ© sur le territoire compris entre la Drave et le littoral adriatique. Ce n’est pas le lieu, ici, de faire un cours d’histoire de Croatie. Mais il est nous cependant permis de rappeler combien est restĂ©e vivace, au cours des siĂšcles, la volontĂ© d’indĂ©pendance politique, depuis qu’elle fut la pensĂ©e dominante d’un Viseslav, premier prince croate dont l’histoire connaĂźt le nom, qui vivait en l’an 800, jusqu’au premier roi croate Tomislav en 925. Tous les croates savent que, lorsque Tomislav ceignit la couronne royale avec l’approbation de la DiĂšte nationale et celle du Pape Jean X, la Croatie constituait une unitĂ© nationale certaine et un État fort. Cet État Ă©tait fort sur terre et sur mer. PorphyrogĂ©nĂšte nous assure qu’il disposait d’une armĂ©e de cent mille fantassins et de soixante mille cavaliers. Sa population Ă©tait alors de deux millions d’habitants, ce qui en faisait un État plus grand et plus important que l’Angleterre d’alors. Son importance militaire et Ă©conomique Ă©tait attestĂ© par sa flotte. La Croatie possĂ©dait 180 navires alors que Venise en avait juste 200. Il n’est pas en Croatie un enfant, mĂȘme des rĂ©gions les plus reculĂ©es, qui ne sache quel grand roi fut Zvonimir, Ă©lu au pouvoir suprĂȘme en 1076. Avec la protection du Pape GrĂ©goire VII, le roi Zvonimir assura la paix en Croatie, ce que lui permit de la doter de la prospĂ©ritĂ©, qui est attestĂ©e par les vielles chroniques et dont on trouve encore le souvenir dans certains chants populaires. Un fait capital domine l’histoire de Croatie. Lorsque, aprĂšs la mort tragique du roi Zvonimir, Ladislas, roi de Hongrie, intervint militairement dans les affaires croates, le peuple croate rĂ©sista vingt ans par les armes. Le peuple croate ne sait pas ĂȘtre un vaincu. Il ne courbe pas la tĂȘte. Il ne sait pas accepter les dominations imposĂ©es. Le successeur de Ladislas, Koloman, roi de Hongrie, ne put adjoindre la Croatie Ă  la Hongrie comme terre de conquĂȘte. Les reprĂ©sentants des douze tribus croates l’élirent roi de Croatie. Koloman se trouva ainsi ĂȘtre Ă  la fois roi de Hongrie et roi de Croatie. C’était lĂ  une union personnelle de deux couronnes. Cette union, dont la forme devait varier plusieurs fois, durera plus de huit cents ans. Le fait capital pour l’histoire de Croatie est celui-ci l’individualitĂ© de l’État croate Ă©tait reconnue ; il Ă©tait constatĂ© que le peuple croate formait une nation politique. Il rĂ©sulte de ce rapide et trĂšs sommaire aperçu de nos faits nationaux que, depuis les temps trĂšs reculĂ©s, nous constituons une individualitĂ© nationale qu’il n’est au pouvoir de personne de supprimer. Certes, au cours des siĂšcles, la vie historique du peuple croate a Ă©tĂ© mouvementĂ©e, parfois trĂšs dure. Elle l’a Ă©tĂ© d’autant plus que la Croatie a Ă©tĂ© le premier bastion de dĂ©fense europĂ©enne. Sur ce bastion les Croates se sont maintenus avec courage et prudence, prompts Ă  se sacrifier. Ils ont ainsi donnĂ© la preuve d’une rare conscience du sentiment europĂ©en. Jamais le peuple croate n’a abdiquĂ© son particularisme, hĂ©ritage de son passĂ© glorieux et base de sa vie politique. Un exemple typique s’en trouve dans l’attitude des Croates de Bosnie pendant leur soumission Ă  l’autoritĂ© ottomane. Ces Croates islamisĂ©s n’ont jamais parlĂ© la langue turque, employĂ©e dans l’administration, ni la langue arabe, qui Ă©tait celle de la religion. Bien mieux ils ont imposĂ© leur propre langue Ă  l’occupant turc. Au XVIe siĂšcle, c’est la langue croate qui Ă©tait usuellement employĂ©e Ă  la Cour du Sultan et dans la diplomatie ottomane. Le cours des Ă©vĂ©nements europĂ©ens avait fragmentĂ© les pays croates. Les rĂ©volutions politiques et leurs consĂ©quences diplomatiques, sociales, furent, au XIXe siĂšcle, un stimulant pour la rĂ©surrection nationale croate. Vitezovic enseignait que la nation croate ne pouvait vivre que par la rĂ©union de tous les pays croates en un seul corps ? Cette idĂ©e pĂ©nĂ©tra dans les cƓurs croates. Elle prit en eux un aspect religieux. C’est dans cette religion patriotique que prit naissance le rĂ©veil national du peuple croate. Ce sens du patriotisme, cet effort permanent vers l’unitĂ© nationale, ces aspirations vers la libertĂ©, cette haine de l’oppression, ce dĂ©sir de vivre en paix avec ses voisins ne pouvaient que faciliter la sympathie mutuelle de deux peuples ayant les mĂȘmes passions et le mĂȘme idĂ©al, le peuple français et le peuple croate. Si nous y ajoutons le goĂ»t pour le mĂ©tier des armes, nous comprenons immĂ©diatement comment ces deux peuples ont pu inscrire en commun dans leur histoire des pages de grandeur militaire. Ce sont des cavaliers croates qui, sous le roi Louis XV, sont venus renforcer la cavalerie française. Un des rĂ©giments de cavalerie les plus estimĂ©s en France portait le nom de Royal-Croate ». Pendant la guerre de 1870, la formation Ă  laquelle il avait donnĂ© naissance, le premier rĂ©giment de cuirassiers, se couvrit de gloire Ă  la bataille de Rezonville. Chacun connaĂźt la prĂ©sence des troupes croates sous les drapeaux de NapolĂ©on 1er. En des temps beaucoup plus proches de nous, ces annĂ©es derniĂšres, des soldats croates, engagĂ©s dans l’armĂ©e française, dans la cĂ©lĂšbre LĂ©gion ÉtrangĂšre, sont tombĂ©s pour la France Ă  Madagascar, en Indochine. Il en est encore qui servent la France, sous son drapeau, en Afrique du Nord. Les uns et les autres, les cavaliers de Louis XV, les soldats de NapolĂ©on 1er, les engagĂ©s volontaires de la RĂ©publique, nous les englobons dans la mĂȘme affection. Et la plus noble, la plus vraie des expressions de cette affectation, ne peut ĂȘtre que ce cri, qui jaillit de nos consciences, de notre affectation, de notre reconnaissance Vive la France ! * Allocution de Monsieur le GĂ©nĂ©ral d’ArmĂ©e ZELLER Gouverneur Militaire de Paris Messieurs, C’est avec une gratitude profonde que nous acceptons cette plaque de marbre destinĂ©e Ă  perpĂ©tuer la mĂ©moire des soldats croates qui, Ă  de nombreuses pĂ©riodes de notre histoire, ont mĂ©langĂ© leur sang Ă  celui des soldats français, ont partagĂ© leurs souffrances et leur gloire. Votre geste, dans sa magnifique simplicitĂ©, nous touche trĂšs vivement il frappe par son dĂ©sintĂ©ressement, par tout ce qu’il comporte chez vous de qualitĂ© de cƓur, de noble fiertĂ©, d’amitiĂ© et d’amour pour notre pays. Il ressuscite le souvenir du RĂ©giment Royal Croate de Louis XV, ancĂȘtre de notre Ier RĂ©giment de Cuirassiers, des fantassins et des hussards croates de la Grande ArmĂ©e, des nombreux soldats qui, Ă  travers l’histoire et jusqu’à nos jours, sont venus de votre pays, isolĂ©ment ou par groupes, pour servir dans les rangs de notre ArmĂ©e. Et comment ne pas Ă©voquer spĂ©cialement ici - Ă  quelques dizaines de mĂštre du Tombeau du Grand Empereur, Ă  quelques pas de sa statue - ces trois RĂ©giments Croates qui participĂšrent si glorieusement aux derniĂšres campagnes du Ier Empire - Ă  Ostrovno, le 25 juillet 1812, oĂč le 1er RĂ©giment reçoit le baptĂȘme du feu et est citĂ© au Bulletin de la Grande ArmĂ©e ; - Ă  Polotsk oĂč le 3e RĂ©giment se distingue particuliĂšrement ; - Ă  la Moskova, en septembre, oĂč le 1er RĂ©giment se forme encore en carrĂ© et repousse Ă  plusieurs reprises les charges de la Cavalerie Russe – ce qui lui vaut d’entrer le 15 septembre Ă  Moscou ; - Ă  la BĂ©rĂ©zina oĂč, aprĂšs la dure retraite, se retrouvent les dĂ©bris des 1er et 3e RĂ©giments ; - en 1813, oĂč les 1er et 3e RĂ©giments combattent en maints endroits ; - au siĂšge de Magdebourg enfin, oĂč le 2e Bataillon du 1er RĂ©giment rĂ©siste avec la garnison jusqu’au 23 mai 1814, deux mois aprĂšs la capitulation de Paris. Et comment ne pas citer le brave Colonel Slivaric, nommĂ© GĂ©nĂ©ral par l’Empereur en fĂ©vrier 1813 et qui, restĂ© Ă  la tĂȘte de son RĂ©giment, malgrĂ© des fatigues extrĂȘmes, Ă©tait hautement apprĂ©ciĂ© par ses chefs ? Et comment ne pas donner les pertes en officiers de ces trois RĂ©giments, les seules qui nous soient parvenues et qui nous donnent une idĂ©e de celles de ces vaillantes troupes - 18 officiers tuĂ©s, 75 blessĂ©s, sur un effectif de 130 environ ; - 29 LĂ©gions d’Honneur attribuĂ©es. Vous ĂȘtes, Messieurs, les descendants, les hĂ©ritiers de ces soldats d’autrefois, comme vous ĂȘtes les fils, les frĂšres, les compagnons de ceux d’hier et d’aujourd’hui. Dans ce magnifique HĂŽtel des Invalides, devenu le temple de la Gloire militaire, le geste pieux de l’Union des Travailleurs croates mĂ©ritait d’ĂȘtre soulignĂ©. Vous Ă©tiez dĂ©jĂ  prĂ©sents ici, par la pensĂ©e, par l’atmosphĂšre qui rĂšgne en ces lieux. Mais vous avez matĂ©rialisĂ© cela par l’apposition de cette plaque. Plus que jamais, maintenant, Messieurs, vous ĂȘtes ici chez vous. Cest le plus beau des rĂ©giments de France RĂ©giment de Turenne et de Marceau Qui de tous temps redonna l'espĂ©rance Et fit honneur Ă  son glorieux drapeau On ne relĂšve pas Picardie FiĂšre devise du rĂ©giment Tu reflĂštes l'ardeur et la vie De ceux qui sont morts en chantant : Aujourd'hui la patrie nous appelle Aujourd'hui la victoire nous attend Soldats français sachons vaincre Publication de l’Association vosgienne des anciens combattants de l’armĂ©e d’Orient mars 1929 [Gallica] La semaine derniĂšre, Jean-Marc Todeschini, secrĂ©taire d’État chargĂ© des Anciens Combattants et de la mĂ©moire auprĂšs du ministĂšre de la DĂ©fense, s’est rendu en GrĂšce, en MacĂ©doine, en Serbie et en Roumanie, pour commĂ©morer le centenaire du dĂ©but des opĂ©rations militaires sur le front d’Orient. On peut suivre ce voyage mĂ©moriel et commĂ©moratif sur le carnet de voyage de StĂ©phanie Trouillard, journaliste Ă  France24. A cette occasion, nous nous sommes intĂ©ressĂ©s aux sources permettant de partir sur les traces des poilus d’Orient. Environ 80 000 hommes ont dĂ©barquĂ© aux Dardanelles en 1915 et 400 000 autres ont combattu dans les Balkans de 1915 Ă  1920. A premiĂšre vue, la recherche d’informations paraĂźt compliquĂ©e. Peu d’études et de monographies ont Ă©tĂ© consacrĂ©es Ă  ce front par les historiens. De plus, l’éloignement des champs de bataille et des lieux de mĂ©moire, l’éparpillement des sources en France, l’absence d’archives en MacĂ©doine ce qui ne semble pas ĂȘtre le cas en Bulgarie et la barriĂšre de la langue quand les recherches se dĂ©placent dans les Balkans compliquent plus encore les recherches. Pourtant, comme nous l’avons dĂ©jĂ  montrĂ© en prĂ©sentant notamment les travaux menĂ©s par un professeur et ses Ă©lĂšves en MacĂ©doine en 2012 et en 2014, il est possible de trouver des informations au sujet de ces combattants. Rechercher un soldat Il n’existe pas d’archives individuelles propres aux 500 000 soldats et aux milliers de marins de l’armĂ©e française qui ont sĂ©journĂ© en Turquie, dans les Balkans, en Hongrie ou encore en Russie mĂ©ridionale de 1915 Ă  1923. Ils proviennent majoritairement de mĂ©tropole, mais 18% sont des soldats maghrĂ©bins ou sĂ©nĂ©galais proportion plus importante que sur le front de l’ouest. Il faut donc se reporter aux sources habituelles, en particulier aux registres matricules Tour de France des matricules ou au Fichier national des morts pour la France MĂ©moire des hommes. En raison des conditions de vie prĂ©caires hygiĂšne dĂ©plorable, eau polluĂ©e, climat rude, marĂ©cages, prĂšs de 284 000 soldats ont Ă©tĂ© malades parmi lesquels 90 000 ont Ă©tĂ© atteints de maladies contagieuses. Le typhus, la dysenterie mais surtout le paludisme ont fait des ravages. On comptabilise aussi 44 500 soldats blessĂ©s au combat. Pour cette raison, il peut ĂȘtre utile de consulter les archives du Service des archives mĂ©dicales et hospitaliĂšres des armĂ©es Ă  Limoges ainsi que les archives mĂ©dicales de la marine, dans la sĂ©rie F des archives des ports. Enfin, l’Association nationale pour le souvenir des Dardanelles et du front d’Orient est incontournable. Elle propose notamment une aide Ă  la recherche. Elle possĂšde aussi des collections importantes composĂ©es d’objets, de documents d’époque et de tĂ©moignages d’anciens soldats du front d’Orient Ă  voir aussi la page Facebook de l’association. Retracer un parcours Vous n’échapperez pas Ă  un petit paragraphe d’histoire des unitĂ©s
 Le Corps expĂ©ditionnaire d’Orient CEO est créé en fĂ©vrier 1915. Il participe aux combats de Gallipoli et des Dardanelles. En octobre 1915, il devient Corps expĂ©ditionnaire des Dardanelles CED jusqu’à sa dissolution en janvier 1916. L’armĂ©e d’Orient AO est créée Ă  Salonique en octobre 1915. Dans un premier temps, sa mission est de soutenir l’armĂ©e serbe, menacĂ©e d’anĂ©antissement. Progressivement, elle est renforcĂ©e par des contingents Ă©trangers anglais, italiens, grecs, russes et serbes. En aoĂ»t 1916, l’armĂ©e française d’Orient AFO est créée au sein du commandement des armĂ©es alliĂ©es en Orient jusqu’en septembre 1920. Ces troupes combattent sur le front des Balkans. AprĂšs les offensives victorieuses de septembre 1918 dans les Balkans, l’armĂ©e française d’Orient donne naissance Ă  trois groupements l’armĂ©e de Hongrie mars-septembre 1919, chargĂ©e de faire respecter l’armistice et de veiller aux respects des nouvelles frontiĂšres ; l’armĂ©e du Danube octobre 1918-janvier 1920, installĂ©e en Roumanie et en Russie mĂ©ridionale pour soutenir les Russes blancs ; le corps d’occupation français de Constantinople novembre 1920-octobre 1923, chargĂ© de dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts français pendant la guerre grĂ©co-turque. Que peut-on trouver au Service historique de la DĂ©fense Ă  Vincennes ? Les archives des unitĂ©s les journaux des marches et opĂ©rations des unitĂ©s engagĂ©es en Orient de la sous-sĂ©rie 26 N et celles des grandes unitĂ©s d’Orient et du commandement des armĂ©es alliĂ©es d’Orient voir Inventaire sommaire des archives de la guerre 1914-1918 de Jean Nicot et Philippe Schillinger sous-sĂ©rie 20N, page 443 et suivantes contiennent notamment des ordres de bataille français et alliĂ©s, des situations journaliĂšres, des Ă©tats des pertes, des correspondances, etc. Voir Archives de la Grande Guerre. Guide des sources conservĂ©es par le Service historique de la DĂ©fense relatives Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale, Vincennes, Service historique de la DĂ©fense, 2014, p. 281-283. Identifier un lieu TrĂšs souvent, les recherches buttent sur les noms des lieux difficiles Ă  identifier. Ils sont souvent mal orthographiĂ©s ou traduits du turc au serbe puis au grec contemporain ou au macĂ©donien. On peut utiliser Google maps ainsi que ces anciennes cartes austro-hongroises. Rechercher une sĂ©pulture Environ 70 000 soldats français sont tombĂ©s dans les Balkans. De 1921 Ă  1923, la France a regroupĂ© les corps de ces hommes dans plusieurs nĂ©cropoles Albanie Korça, 640 corps ; Bulgarie Sofia, 789 corps ; GrĂšce AthĂšnes, 53 corps Ă  Kalamaki ; Corfou, 209 corps Ă  Gastouri ; Thessalonique, corps Ă  Zeitenlick ; MacĂ©doine Bitola, corps et deux ossuaires contenant corps chacun ; Skopje, 960 corps et deux ossuaires contenant corps chacun ; Roumanie Bucarest, 128 corps ; Slobozia, 313 corps ; Serbie Belgrade, 396 corps ; Turquie Istambul, 251 corps Ă  Feriköy ; Seddul-Bahr, 2 235 corps identifiĂ©s et 12 000 corps dans un ossuaire. Des carrĂ©s militaires plus modestes sont aussi dissĂ©minĂ©s dans ces pays voir les relevĂ©s du site internet MemorialGenWeb Albanie, Bulgarie, Chypre, GrĂšce, MacĂ©doine, Roumanie, Serbie, Turquie. Enfin, les consulats et ambassades ont mis en ligne des listes de soldats inhumĂ©s dans les nĂ©cropoles de ZeĂŻtenlick, de Belgrade, de Skopje et des cimetiĂšres et carrĂ©s militaires en Roumanie. Attention, les noms sont souvent mal orthographiĂ©s sur les tombes. Il est donc nĂ©cessaire de faire des recoupements et parfois des dĂ©ductions.
Unitésde la Légion. 1er R.E. (Régiment étranger), créé en 1831, implanté à Sidi-bel-AbbÚs (Algérie), rapatrié en 1962 à Aubagne (Bouches-du-RhÎne), quartier Viénot. En qualité de doyen de tous les régiments de la Légion, c'est lui qui est dépositaire des traditions et a la charge de conserver les reliques. Il est composé de
C’était en 1870, quelques jours aprĂšs la bataille de Sedan. Par toutes les routes de la Champagne, les Allemands marchaient sur Paris. L’angoisse Ă©tait profonde parmi les populations de la vallĂ©e du Petit-Morin ; elles s’attendaient d’heure en heure Ă  voir l’ennemi apparaĂźtre sur le plateau de la Grande-ForĂȘt. Un matin, deux habitants d’Orly, qui venaient de BuissiĂšres, d’autres qui arrivaient de la Belle-IdĂ©e, dĂ©clarĂšrent avoir vu sur la grande route de Montmirail Ă  La FertĂ©-sous-Jouarre, des rĂ©giments prussiens appartenant Ă  toutes les armes, qui s’avançaient par rangs serrĂ©s. Le boucher de Hondevilliers, qui s’était allĂ© chercher du bĂ©tail Ă  la ferme de Salnove, au-dessus de Bassevelle, avait Ă©tĂ© contraint de s’arrĂȘter prĂšs le bois du Tartre, puis de couper Ă  travers champs, pour rentrer chez lui, le chemin qui descend vers la vallĂ©e Ă©tant encombrĂ© par des escadrons de cavalerie et des batteries d’’artillerie qui marchaient en direction de SablonniĂšres. Enfin des gens dignes de foi affirmaient que les troupes allemandes, montant sur le plateau de Rebais, avaient traversĂ©, dĂšs la veille, Verdelot, Villeneuve et Bellot . En effet, bientĂŽt on reconnaissait dans toutes les directions, des pas lourds des soldats foulant le sol, et un flot humain, formidable, se rĂ©pandait dans les campagnes, terrorisant les habitant qui, fidĂšles au foyer, n’avaient pas voulu fuir devant l’envahisseur. Les jours se suivirent et les rĂ©giments succĂ©dĂšrent aux rĂ©giments, sans nombre et sans fin. Pendant ce temps Ă  Chamlion, au Gravier, Ă  BĂšcherelle et dans le fond de la vallĂ©e, depuis le moulin de la Forge jusqu’à celui des Bruts, tout Ă©tait calme pas un seul ennemi n’avait Ă©tĂ© aperçu dans la rĂ©gion, et c’est Ă  peine si on entendait au loin des rumeurs inquiĂ©tantes. Un garde-moulin demeurant Ă  BĂšcherelle, Leduc, dit Quatre-Pattes, ancien tambour aux bataillons d’Afrique, qui passait pour n’avoir peur de rien, s’efforçait de rassurer ses compatriotes. Les Prussiens n’oseront jamais venir dans notre petit coin, disait-il. Le pays est trĂšs accidentĂ© et les chemins sont dĂ©testables... Malheur Ă  ceux qui s’aventureront par ici ! Cependant, une nuit, vers la mi-septembre, les cultivateurs de BĂšcherelle furent rĂ©veillĂ©s brusquement par une clameur Ă©trange. Une partie de pillards allemands venait de faire irruption dans le hameau, et pĂ©nĂ©trant dans les Ă©tables, s’était emparĂ© du bĂ©tail. Tous les habitants, en un instant, furent debout et se trouvĂšrent rĂ©unis dans la rue, mais dĂ©jĂ  les Allemands et leur butin avaient disparu vers les bois de la Fonderie. Leduc, comme si une idĂ©e soudaine venait de traverser son esprit, rentra chez lui, prit son tambour, rassembla les hommes valides et les harangua L’ennemi ne peut aller ni vite ni loin, dit-il gravement. Nous allons nous mettre Ă  sa poursuite. Promettez-moi d’obĂ©ir, et je me charge de lui faire abandonner son butin. J’ai mon idĂ©e. Armez-vous d’un fusil ou d’une fourche, car on doit toujours prĂ©voir de mauvaises rencontres, et marchez derriĂšre moi en ayant confiance ! La petite troupe avec le vieux soldat Ă  sa tĂȘte, descendit vers le moulin du Pont ; puis, tournant brusquement Ă  droite, elle remonta le ru du Bois en de glissant sous les futaies. Subitement, Leduc s’arrĂȘta. Les pillards sont lĂ , dans le bois de la Fonderie. Ce que je prĂ©voyais vient d’arriver pour Ă©viter Orly, ils ont pris vers le nord un chemin sans issue et les voilĂ  bloquĂ©s dans le fond du ravin. Hardi, vous autres, suivez le tambour, mais silence dans les rangs ! Leduc monta sur le plateau jusqu’à la ferme du Petit-Villiers, escortĂ© de ses compagnons, puis, lorsqu’il se fut bien assurĂ© de la position occupĂ©e par les pillards, s’enfonçant sous bois, tout seul, il descendit crĂąnement Ă  leur rencontre en battant du tambour. D’abord, les roulements furent sourds, lointains, comme perdus dans la campagne. En tapin qui connaĂźt sa caisse, l’ancien soldat d’Afrique graduait ses effets, augmentait peu Ă  peu la sonoritĂ© de ses batteries. Tout Ă  coup, pris d’une rage folle, il se mit Ă  frapper avec fureur, prĂ©cipitant le heurt de ses baguettes sur la peau d’ñne qui rĂ©sonnait lourdement. Le bruit montait dans les airs, puis courait dans le ciel, tel un roulement de tonnerre. BientĂŽt d’autres tambours Ă©clatĂšrent, furieux, au fond du ravin, et ce fut alors dans la nuit noire un vacarme fantastique. On aurait cru que la terre tremblait. Brusquement, Leduc interrompit ses batteries. Se redressant de toute sa haute taille, il se mit Ă  crier d’une voix vibrante Bataillon ! En avant ! A la baĂŻonnette ! D’autres voix, sonores, rĂ©pĂ©tĂšrent Ă  l’infini des commandements, et Leduc, recommençant la danse vertigineuse des baguettes sur son tambour, battit, battit Ă©perdument la charge. Lorsque tout se tumulte eut cessĂ©, le vieux soldat se pencha vers le sol et Ă©couta longuement. Puis, en toute hĂąte, il gagna le plateau du Petit-Villiers, oĂč les bonnes gens de BĂšcherelle l’attendaient. Par ici les courageux, venez chercher vos bĂȘtes. Elles sont dans le bois, lĂ -bas, qui vous attendent. Quant aux pillards, ils ont pris la fuite, et pour cause ! La petite troupe suivit Leduc et tomba au milieu du troupeau abandonnĂ©, dans le ravin, oĂč chacun put reprendre son bien. Et maintenant, en route pour BĂšcherelle, reprit le tapin. Tout en marchant, je vais vous raconter ce combat extraordinaire, Ă  seule fin que vous puissiez un jour le dĂ©crire aux descendants de vos descendants. Pour lors, quand j’ai su que les pillards Ă©taient Ă©garĂ©s dans la Fonderie, je me suis dit Ă  part moi c’est bon, je les tiens. Leduc, mon garçon, bride les cordes de ta caisse, crache dans tes mains, roule tes baguettes et va bon train !... Il y a dans le ravin de la Fonderie un Ă©cho qui vaut dix rĂ©giments tu vas aller le rĂ©veiller, il t’aidera Ă  remporter la victoire. Donc je suis descendu dans le ru, avec ma caisse et mes baguettes pour tout armement ; j’eus vite faite de reconnaĂźtre le terrain, et sans plus attendre je me suis mis Ă  cogner comme un sourd sur mon instrument... Dix, vingt, cent tambours me rĂ©pondirent. C’était l’écho qui m’envoyait du renfort. Il n’en fallut pas davantage pour mettre l’ennemi en dĂ©route. Les pillards, croyant se trouver en prĂ©sence d’une vĂ©ritable armĂ©e, abandonnĂšrent les bestiaux et disparurent sans demander leur reste. Et ce fut en pure perte que je m’égosillais Ă  crier En avant ! L’écho rĂ©pĂ©ta mon commandement, mais il n’y avait plus un seul Allemand dans le bois pour l’entendre... Et voilĂ  ce fameux combat que moi, Leduc, dit Quatre-Pattes, ancien tambour aux bataillons d’Afrique, je viens de livrer, sans coup fĂ©rir ! Il en vaut bien un autre, vu qu’il n’a tuĂ© ni blessĂ© personne... Sur ce, nous voici Ă  BĂ©cherelle... Rompez les rangs... C’est bon, c’est bon, pas de remerciements ! On a fait son devoir, et voilĂ  tout... Rentrez les bĂȘtes dans les Ă©tables... fermez bien vos portes... et Ă  chacun bonsoir !
Cavaleried’Afrique C'est nous les descendants des rĂ©giments d'Afrique Les chasseurs les spahis les goumiers Gardiens et dĂ©fenseurs d'empires magnifiques Sous

Les trompettes d`AĂŻda MP3 8 RPIMa - Volontaires Les trompettes d'AĂŻda MP3 Troupes de Marine Publié par Riton Publiée le 01/02/2012 220000 Ce chant Ă  la gloire des RĂ©giments de Cavalerie de la Coloniale et chantĂ© sur l'air de "la marche des trompettes" de Verdi, fut celui de l'armĂ©e d'Italie. Paroles et fichier mp3 C'est nous les descendants des rĂ©giments d'Afrique Les chasseurs, les spahis, les goumiers Gardiens et dĂ©fenseurs d'empires magnifiques Sous l'ardent soleil chevauchant sans rĂ©pit leurs fiers coursiers Toujours prĂȘts Ă  servir A vaincre ou Ă  mourir Nos coeurs se sont unis Pour la Patrie Trompettes au garde-Ă -vous sonnez, sonnez Ă  l'Ă©tendard Et que fiĂšrement dans le ciel montent nos trois couleurs Le souffle de la France anime la fanfare Et met Ă  chacun un peu d'air du pays au fond du coeur C'est notre volontĂ© De vaincre ou de lutter De consacrer nos vies A la Patrie. La piste est difficile et toujours nous appelle Par les monts pelĂ©s de Taza, de Ksar' Souk, de Midelt L'Ă©lan de Bournazel vers le Tafilalet Sur les Ksours ralliĂ©s plantera fiĂšrement nos trois couleurs C'est notre volontĂ© De vaincre ou de lutter De consacrer nos vies A la Patrie. Ensemble nous referons gaiement flotter nos Ă©tendards Et suivrons partout hardiment l'Ă©clat des trois couleurs 29/09/2016 210037 - 1 Ensemble nous reprendrons demain le chemin du dĂ©part Et pour le pays serons prĂȘts Ă  lutter sans nulle peur C'est notre volontĂ© De vaincre ou de lutter De consacrer nos vies A la Patrie. Soldats, toujours devant, toujours la tĂȘte haute Nous serons prĂ©sents sous la pluie, dans le vent, en avant ! L'ennemi nous trouvera le coeur plein de courage Et dans ce combat glorieux revivront nos hĂ©ros 29/09/2016 210037 - 2

e4tfsGB.
  • 0r9715yy2c.pages.dev/174
  • 0r9715yy2c.pages.dev/340
  • 0r9715yy2c.pages.dev/287
  • 0r9715yy2c.pages.dev/184
  • 0r9715yy2c.pages.dev/175
  • 0r9715yy2c.pages.dev/72
  • 0r9715yy2c.pages.dev/254
  • 0r9715yy2c.pages.dev/200
  • 0r9715yy2c.pages.dev/62
  • c est nous les descendants des rĂ©giments d afrique