L’Histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. » Karl Marx La Ferme des Animaux » des éditions Folio, est une Fable de George Orwell, publiée en août 1945. L’auteur britannique, de son vrai nom Eric Arthur Blair, né en 1903 aux Indes puis étudiant dans un prestigieux collège Anglais, commence sa carrière professionnelle dans la Police Impériale des Indes en Birmanie, la quittant cinq années plus tard pour se consacrer à l’écriture. Travaillant à ses débuts pour un journal, possédant sa propre rubrique, il écrira plus tard diverses œuvres engagées liées à ses expériences de vie. En effet, séjournant en Espagne en 1937 il fera l’expérience de la guerre dans laquelle s’affrontent républicains lesquels sont au pouvoir et nationalistes porté par le futur dictateur Franco. 1984 » sera son plus grand chef d’œuvre et la Ferme des Animaux » la première publication qui lui permettra de vivre aisément. Ses écrits ont et auront une dimension politique forte, même après sa mort, survenue le 21 Janvier 1950. Il faut tout d’abord resituer ce texte dans son contexte historique, écrit en 1943 et pensé depuis quelques années déjà, ce livre traite de la guerre et plus particulièrement du régime soviétique dont il est une caricature. C’est ainsi que l’auteur nous ouvre les portes de la Ferme du Manoir, peuplée d’Hommes et de Quadrupèdes, dans laquelle la Révolution va avoir lieu, dans laquelle les animaux vont prendre le pouvoir sur les hommes… et les autres animaux. Ces derniers chasseront leur maîtres et tenterons-t d’instaurer une société égalitaire à partir de nouvelles lois, de nouveaux codes, de nouveaux travaux, afin de vivre dans l’Harmonie et la Paix. Mais jusqu’où perdurera cette Société nouvelle et juste, quelles en seront ses limites et ses failles ? Comment Napoléon et Brille-Babil, les deux cochons, prendront le pouvoir et réinstaureront un système hiérarchique à leur avantage ? Voici le récit d’une contre-utopie Orwellienne… Pour commencer, on remarquera dès les premières pages que, comme dans la fable, les animaux sont personnifiés et que le texte donne une morale pour révéler les défauts de la société. La bêtise de l’homme est mise en avant, sa naïveté, son absurdité, je cite L’Homme ne connaît pas d’autres intérêts que les siens ». Le récit est sous forme d’argumentation indirecte, l’auteur transmet ses pensées de manière implicite. Il faut également noter le déroulement cyclique de l’histoire, que l’on pourrait associer à un mouvement révolutionnaire, et qu’advient-il après ? Orwell œuvre pour une prise de conscience, et dans le cas présenté ici, à terme la situation ne s’améliore pas, peut-être même devient-elle pire, comme le démontre la dernière scène, lorsque hommes et cochons ne sont plus divisibles que par leur naissance. Il s’agit là d’un apologue mené avec brio dans lequel évidence et subtilité règnent en parfaits maîtres. Ainsi, nous sommes en présence d’une fable qui analyse et dénonce le mythe soviétique ». Orwell s’affirmant lui-même être un anti-stalinien. L’auteur dénonce la prise de pouvoir par la force et le discours, soit le système totalitaire, et plus particulièrement la révolution Russe d’octobre 1917. Le cheminement de l’histoire correspond à celle de l’ les similitudes sont indéniables, ainsi lorsque Sage l’Ancien chante l’hymne Bêtes d’Angleterre » devant ses confrères, il fait référence à tous les hymnes révolutionnaires invoquant la Liberté, lui-même étant le symbole de l’idéologie révolutionnaire, ainsi Napoléon prend l’image de Staline, et tout se met en place, répression, transgression des nouvelles lois… Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres » et ce que l’on peut appeler un Régime Totalitaire dicte désormais la Ferme du Manoir. C’est l’allégorie du Monde du XXe siècle, ayant pour but de questionner l’Homme et son devenir, l’Homme et sa légitimité sur sa prétendue intelligence. Néanmoins la chute de l’histoire peut sembler regrettable, car elle nuit à l’espoir nécessaire aux Révolutions qui, contrairement à ce que fait transparaître l’artiste dans son œuvre, ne sont pas toujours vaines…. Tout l’enjeu est de trouver un système après-révolution qui sera apte à diriger une communauté d’une manière fidèle aux valeurs portées par cette dernière. La Fatalité n’est pas une science exacte, elle n’agit que dans la mesure où nous lui donnons du Pouvoir, ainsi nous nous devons de toujours avancer, pour le meilleur, même si le pire. Ainsi il est juste de penser que l’artiste engagé a un rôle à jouer dans la Société dans laquelle il vit, car il apporte, ou peut apporter, une prise de conscience Humaine utile face à un remaniement vers le bien, l’esthétisme peut paraître secondaire, dans certains cas. La remise ne cause est primordiale, nécessaire. L’artiste lui-même n’est plus le même après réalisation de son œuvre, elle lui a permis de réfléchir, de grandir, de se questionner à nouveau… Bien évidemment, le XXe siècle est celui du pessimisme et de l’absurdité car il est le siècle des guerres, de la mort, de la futilité, de la bêtise Humaine qu’il illustre à merveilles. L’Humanité ne régresse ni ne progresse brutalement, elle évolue, et engendre les innovations nécessaires à son développement. Dans cette logique George Orwell s’inscrit parfaitement dans la progression humaine de son époque et incarne l’esprit révolutionnaire de l’homme moderne. Le Monde prend le sens que chacun lui donne, la Liberté est un état d’esprit, quant au destin… La Ferme des Animaux » est un livre invoquant l’idée du Marxisme, car oui, tout l’enjeu est ici, comment créer une ferme allégorie de la société meilleure ? Ce livre, aux frontières de la fable et du conte philosophique, facile à lire, porte en lui un sujet grave qui peut tout aussi bien être vu comme une histoire divertissante qu’un sujet poussant à la réflexion sur la question, devenue alarmante, de l’Humanité et de son devenir. Shona T. – T BMA H 2016/2017 18/20